Sur-tourisme : Ce n’est pas une fatalité !
Sur-tourisme : Ce n’est pas une fatalité !

Sur-tourisme : Ce n’est pas une fatalité !

Chaque année, des millions de voyageurs partent à la découverte de destinations magnifiques, attirés par des paysages époustouflants, des publicités alléchantes et des photos qu’ils ont vu passer sur leurs réseaux sociaux. Malheureusement, derrière la façade enchanteresse de ces clichés se cache un phénomène de plus en plus préoccupant : le sur-tourisme et la sur-fréquentation lié au tourisme de masse. Il vous est peut être déjà arrivé de vous retrouver au milieu de foules compactes devant des monuments célèbres, des musées, des sites naturels ou des plages. Le sur-tourisme est bien plus qu’un simple inconvénient ; il a des conséquences néfastes sur les destinations elles-mêmes, sur l’environnement, sur les communautés locales et sur la qualité de l’expérience touristique au global.

Dans cet article, nous souhaitons vous sensibiliser sur ce phénomène pour comprendre ses origines, ses conséquences et les solutions possibles pour l’atténuer. Je souhaite mettre en lumière le rôle crucial du choix des voyageurs dans la lutte contre le sur-tourisme. Il est temps de prendre conscience du prix que nous payons pour l’accès facile à des merveilles du monde et de trouver des moyens de préserver ces trésors pour les générations futures.

Crédit photo @Mark De Jong

Comprendre le sur-tourisme

Le sur-tourisme peut être défini comme un excès de touristes dans un lieu donné par rapport à sa capacité d’accueil et à sa capacité de préservation. Il se manifeste par une affluence massive souvent concentrés sur un petit nombre de sites emblématiques.

Il a pris une ampleur sans précédent au cours des dernières décennies grâce (ou à cause) de la démocratisation du voyage, de la facilité d’accès aux destinations (prix des vols) et de l’influence des médias (sociaux et publicitaires). Tout cela a contribué à l’explosion du tourisme de masse. Des lieux jadis tranquilles sont envahis de visiteurs, des plages paradisiaques et désertes sont devenues bondées, et des trésors culturels sont mis en péril par l’afflux constant de touristes.

Pour illustrer, voici quelques exemples non-exhaustifs de lieux victimes de leurs succès ces dernières années et n’épargnant aucun continent:

  • Venise, Italie : La ville aux canaux est devenue un symbole du surtourisme depuis de nombreuses années, avec des foules massives arrivant en paquebot de croisière ou en avion et qui envahissent les ruelles étroites et les sites emblématiques.
  • Santorin, Grèce : Cette île extraordinaire est devenue un aimant touristique, attirant des croisiéristes et des voyageurs en quête de couchers de soleil spectaculaires et de photos « instagramables ».
  • Amsterdam, Pays-Bas : La Venise du Nord est confrontée à une sur-fréquentation le long de ses canaux, avec des retombées négatives sur la qualité de vie des habitants (prix des loyers et restaurants notamment).
  • Mont-saint-Michel, France: Le mont et sa baie, en tant qu’emblème des sites touristiques en France a du adapter ses infrastructures et ses capacité d’accueil pour palier à sa surfréquentation.
  • Phuket, Thaïlande : L’île paradisiaque de Phuket a connu une urbanisation rapide pour accueillir les touristes, ce qui a eu des conséquences néfaste sur l’environnement et la pollution de cette région.
  • Kyoto, Japon : La ville historique est devenue un incontournable pour les voyageurs au Japon, mais elle a dû mettre en place des mesures pour gérer le flot de visiteurs à certaines périodes.
  • Machu Picchu, Pérou : Ce site archéologique emblématique de l’Amérique du sud est soumis à des limites strictes de visiteurs pour protéger son intégrité depuis quelques années.
  • Bali, Indonésie : Avec l’arrivée massive de touriste et travailleurs nomades occidentaux l’île paradisiaque a été touchée par la sur-fréquentation touristique, en particulier dans les régions du sud de l’île.
  • Cercle d’Or, Islande : Fameux pour ces sites naturels impressionnants, cette région de l’Islande voit défilée des flow de touristes visitant l’Islande en 2 jours pour partir ensuite vers le reste de l’Europe…
Crédit photo @Levi Van Leeuwen

Comment en est-on arrivé là ?

Le surtourisme ne résulte pas d’un seul facteur, mais plutôt d’une combinaison de dynamiques économiques, sociales et technologiques. Pour comprendre pourquoi tant de destinations sont submergées par les foules de touristes, nous pouvons lister les principaux facteurs qui y contribuent :

  • Facilité d’accès : Les avancées dans les transports, notamment les vols à bas coûts et les liaisons directes vers de nombreuses destinations, ont rendu les voyages plus accessibles que jamais. Les voyageurs peuvent maintenant rejoindre des coins reculés du monde en quelques heures seulement et pour des prix beaucoup plus accessibles.
  • Médias sociaux et marketing publicitaire : Les réseaux sociaux ont transformé la manière dont nous planifions et partageons nos voyages. Les destinations deviennent virales grâce aux photos et aux expériences partagées en ligne par les influenceurs, ce qui attire davantage de visiteurs et ainsi de suite. Autre phénomène connexe, les campagnes de marketing et les incitations financières des destinations pour attirer les touristes ont un impact important et les offices du tourisme ont parfois tendance à ne pas regarder la limite de la capacité d’accueil des lieux mis en avant dans les campagnes.
  • Mondialisation : L’interconnexion croissante des économies et cultures mondiales a stimulé le tourisme international. Les entreprises du secteur du voyage cherchent à attirer un public toujours plus lointain et donc toujours plus nombreux.
  • Concentration sur des lieux emblématiques : Les voyages de groupe et les circuits touristiques mettent souvent l’accent sur un petit nombre de sites incontournables, créant des pics de sur-fréquentation à ces endroits précis.
Crédit Photo @Nirmal Purja

Les conséquences du surtourisme

Le surtourisme entraîne un éventail de conséquences dommageables pour les destinations, les habitants locaux, l’environnement et les voyageurs eux-mêmes :

  • Effets sur l’environnement : L’une des conséquences les plus visibles du surtourisme est son impact sur l’environnement. Les sites touristiques sur-fréquentés subissent souvent une pression environnementale insoutenable. Les écosystèmes fragiles sont dégradés, les déchets s’accumulent et la biodiversité est menacée. Les espèces locales peuvent être perturbées, voire disparaître, en raison de l’urbanisation accrue et de la destruction de leurs habitats naturels. Nombre de pays et de destinations n’ont par exemple pas la capacité de gérer l’ensemble des déchets gérer par le tourisme. Malgré les apparences, ce n’est pas mieux dans les pays occidentaux qui envoient leurs déchets loins des yeux : Malaisie, …
  • Qualité de vie pour les habitants et érosion culturelle : Le bruit, la congestion, l’augmentation du coût de la vie et la perte de l’identité culturelle peuvent rendre la vie quotidienne moins agréable pour les résidents. Leur culture est diluée ou même détournée pour répondre aux attentes des visiteurs notamment au profit de représentations stéréotypées : cafés et restaurants branchés, activités occidentales …
  • Pression sur les infrastructures : Les destinations surchargées sont souvent confrontées à une surcharge de leurs infrastructures, notamment routes, transports publics, hôpitaux, services publics… Cela peut entraîner des pénuries (main d’oeuvres et emploi notamment), une hausse des prix et une détérioration de la qualité des services.
  • Détérioration du patrimoine : Les sites pris d’assaut par les touristes sont vulnérables. Exemple, les monuments, les fresques anciennes et les structures historiques peuvent être endommagés par le toucher constant et l’impact environnemental.

Evidemment, une autre conséquence est la dégradation de l’expérience pour le voyageur qui, rêvant de sites extraordinaire et merveilleux se voient ramener sur terre par la fréquentation et la dégradation des lieux.

Crédit photo @Andri Wyss

Solutions, alternatives et rôle des voyageurs

Venons-en aux solutions ! Et oui, elles existent et nous les mettons en avant même si nous comprenons que les contraintes de chacun sont ce qu’elles sont et que le rêve d’une vie ne peut pas toujours être compatible avec toute notre bonne volonté. Voici quelques-unes des approches que nous mettons en place chez Fabrique ton Voyage pour atténuer les effets du sur-tourisme :

  1. Diversification des destinations, des dates et des itinéraires : Lorsque l’on nous demande un voyage vers une destination ou un site en sur-fréquentation, nous encourageons les voyageurs à explorer des alternatives moins connues ou à s’éloigner des sites les plus populaires pour réduire la pression sur les « points chauds ». Une manière très efficace étant de s’éloigner au maximum des aéroports et autres hub de transports. Quand les voyageurs le peuvent, nous les encourageons également à décaler leurs dates de séjour pour éviter les périodes les plus fréquentés.
  2. Sensibilisation : Nous informons nos clients sur l’impact de leur voyage et les incitons à adopter des pratiques plus responsables via nos communications. Il existe également un grand nombre d’influenceurs voyage qui ont pris conscience de cette problématique et ne communique plus (ou informe) sur les destinations sur-fréquentées.
  3. Outils digitaux : Certains lieux offrent des outils pour vérifier la fréquentation ; exemple avec « canoë malin » dans les gorges de l’Ardèche. Google Maps indique également les affluences des sites en fonction du jour et de l’heure de la visite.
  4. Voyager responsable : Les voyageurs ont un rôle essentiel à jouer en adoptant des pratiques responsables. Faire quelques kilomètres pour éviter une zone trop exploitée, décaler ses horaires ou dates de visites, choisir une destination moins connues… Chacun peut contribuer à limiter les effets néfastes de ce phénomène. Cf. notre article sur des voyages plus responsable.

Les collectivités (états, régions, villes…) mettent en place des solutions pour améliorer la situation :

  • Gestion des flux touristiques : Les destinations peuvent mettre en place des mesures pour gérer les flux de visiteurs, telles que des quotas de visiteurs (Calanques de Marseille par exemple), des réservations en ligne pour les sites populaires et des heures d’ouverture étendues pour répartir les foules.
  • Développement durable : Les destinations peuvent investir dans des initiatives de développement durable, notamment la gestion des déchets, les énergies renouvelables et la préservation de la biodiversité.
  • Participation communautaire : Impliquer les communautés locales dans la prise de décisions liées au tourisme peut garantir que les avantages du tourisme sont partagés équitablement et que les traditions culturelles sont préservées.
  • Planification à long terme : Les gouvernements et les autorités locales doivent élaborer des plans de développement touristique à long terme qui prennent en compte les besoins des communautés locales, la préservation de l’environnement et la qualité de l’expérience touristique. Un des meilleurs exemple (datant pourtant de 1986) est la loi littorale : Elle a pour but de contrôler l’urbanisation des côtes et des grands lacs, et interdit toute nouvelle construction à moins de 100 mètres du rivage.

Il est essentiel que les voyageurs comprennent l’impact de leurs choix. En étant des voyageurs responsables, ils peuvent contribuer à la préservation des destinations pour les générations futures, tout en continuant à profiter de la beauté et de la diversité du monde. En fin de compte, la lutte contre le surtourisme repose sur une collaboration entre les voyageurs, l’industrie du voyage, les communautés locales et les autorités pour garantir un avenir durable pour le tourisme !

Chez Fabrique ton Voyage, je m’attèle à restaurer l’équilibre entre le tourisme et la préservation des lieux, de la nature et des hommes. N’hésitez pas à commenter ou à me contacter pour parler de ce sujet majeur pour le secteur du tourisme.

Crédit photo @Aldric Rivat

Bibliographie

3 commentaires

  1. Ping :Sur-tourisme : Les dernières mesures pour y faire face – Fabrique ton Voyage

  2. Blogobi

    Je me permets une remarque que je m’amuse a faire en ce moment a tous ces voyageurs se déclarant plus responsables que les autres, au point d édicter une ligne de conduite a travers un article moralisateur. Tu dénonce le tourisme de masse et fait, en partie, l’amalgame avec l’avion. ( Prix des vols etc.) Sur les 10 premiers pays les plus visités au monde 8 sont occidentaux ( Europe, usa). 80 % des visiteurs sont eux mêmes européens. Restreindre les vols ne changerait rien.si les gens n’ont pas d’autres choix que de prendre le train, les lieux sur fréquentes le seraient tout autant.( Venise, méditerranée.) Car ces lieux sont tres accessibles. Ensuite tu te dis voyageur responsable mais en même temps… Blogueur et Travel planner. Si la situation climatique était réellement une urgence : tu ne tiendrais pas un blog, car le numérique,autant que le transport, est incompatible avec le net-zero. Tu n exercerais pas un métier qui dépend du tourisme, une activité qui ne peut être que polluante. Tu proposes des destinations hors de sentiers battus, très bien , mais qu’elle est la conséquence immédiate de ces promotions ? Ça donne envie aux gens de les découvrir, surtout vu la mode ambiante de vouloir faire les choses différemment. A long terme, tu déplace le problème du tourisme de masse d’un endroit a un autre. Plutôt que d’arrêter toi même définitivement le voyage, le blogging, tout ce que tu entreprends au travers de ton blog va à l’encontre des principes et conseils énoncés.. donc le voyageur responsable, après avoir sillonné la planète entière, donne des leçons, en étant des la base, en totale contradiction avec ses propres principes..

    1. Mon objectif via cet article n’est pas du tout de culpabiliser les voyageurs mais de sensibiliser sur cette problématique. Je ne suis en aucun cas pour l’arrêt du tourisme ni pour une sobriété extrême autour du voyage (je serais en effet en total contradiction avec mon métier si c’était le cas…). J’estime d’ailleurs que le voyage est une composante essentielle de l’épanouissement et de l’ouverture aux autres.
      Ceci dit, je m’attèle à sensibiliser et à conseiller des destinations plus originales (sans être moralisateur). Je ne pense pas que cela « déplace le problème » ; De nombreuses régions de France, d’Europe et du Monde ne sont pas du tout touchées par le sur-tourisme.
      C’est en tout cas un débat très intéressant et qui nous fera réfléchir pendant encore de nombreuses années !

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