L’Essence du Voyage
L’Essence du Voyage

L’Essence du Voyage

Partir en voyage, c’est avant tout s’ouvrir à l’inconnu : nouvelles saveurs, langues différentes, modes de vie qui déroutent. Pourtant, nombre d’entre-nous, inconsciemment, tendent à chercher des standards occidentaux : entrer dans un café « branché », manger un plat réconfortant, communiquer uniquement en anglais, loger dans des hôtels « internationalisés ». Il est alors facile de rester enfermé dans ses certitudes et de passer à côté de l’essence même du voyage : la découverte authentique, humble et dépourvue de jugements de valeur.

Voici quelques pistes pour vous laisser porter par une culture étrangère, sans chercher à tout moment vos repères. Il faut notamment savoir reconnaitre et dénoncer les attitudes résiduelles colonialistes ou impérialistes que l’on peut avoir, souvent sans même s’en rendre compte.

Mesurer sa chance et reconnaître son privilège

Avant même de franchir la frontière d’un pays, posons-nous cette question : pourquoi ai-je la possibilité de voyager aussi librement ?

  • Accès au passeport : Dans de nombreux pays, obtenir un visa ou même posséder un passeport est un défi administratif et financièrement souvent impossible.
  • Ressources financières : Se payer un billet de train ou d’avion, un hébergement ou un guide nécessite des moyens. Une grande partie de la population n’y a pas accès.
  • Liberté de circulation : Pour plusieurs nationalités, voyager librement est un luxe réservé à une élite ; les autres doivent obtenir des autorisations particulières, sont soumis à des quarantaines, ou n’ont pas le droit de sortir de leur pays.

En prenant conscience de cette chance, on aborde le voyage avec humilité : non pas comme un droit acquis, mais comme un privilège à respecter. Cette attitude facilite l’ouverture et vous poussera à lâcher prise de vos habitudes quotidiennes.

Refuser les attitudes impérialistes et colonialistes

Il existe encore, dans le regard de certains voyageurs, des biais hérités d’un passé colonialiste :

  • Comparer sans cesse aux standards occidentaux : Considérer qu’un service est « mauvais » si le wifi est lent, que la chambre est simple, que le commerçant ne nous a pas souri ou qu’un repas n’est pas à votre goût.
  • Photographier sans permission : Prendre en photo des habitants sans leur demander, comme s’ils étaient « exotiques » ou à votre service.
  • Touriste « roi » : Exiger un service immédiat et impeccable, trouver les transports lents, juger un pays sans avoir conscience d’où l’on vient et des privilèges que l’on a en tant que français (et blanc).

Comment guérir de ces réflexes ? À chaque mécanisme de comparaison, demandez-vous : « Pourquoi je pense que c’est mieux chez moi ? » et « Qu’est-ce que je peux apprendre au lieu de juger ? ». Toute culture possède ses valeurs et ses savoir-faire. Loin d’être inférieurs, ils sont simplement différents. Souvenez-vous de la chance que vous avez d’être là. Prenez du recul et considérez chaque personne rencontrée comme votre égal.

Oublier ses habitudes alimentaires

Partout où vous irez, la barrière de la nourriture peut être difficile. Plutôt que de chercher des restaurants « internationaux » ou des plats « sûrs », osez :

  • Tester la cuisine de rue : Dans de nombreuses cultures, les meilleurs repas sont préparés dans la rue : soupes chaudes, galettes, brochettes, currys. Il s’agit de comprendre et essayer la cuisine du quotidien.
  • Adapter son palais : Si vous venez d’un régime « standardisé » vos papilles seront bousculées. Accordez-leur quelques jours d’adaptation : un nouveau pain, une nouvelle épice, des textures inconnues. Il faut parfois tester plusieurs fois le même plat pour savoir l’apprécier. Soyez patient !
  • Participer à une préparation locale : Si l’occasion se présente, acceptez l’invitation d’une famille ou participez à un atelier de cuisine locale. Vous apprendrez les gestes, à choisir les bons produits, à assaisonner au goût du pays, etc.

L’alimentation et ses lieux sont un miroir des coutumes, des croyances et de l’histoire d’une région.

Logistique

  • Transports en commun : Les bus de ville, minivan, tuk-tuks, motos-taxi ou même le train sont souvent bien plus économiques et authentiques que les excursions prépayées. Renseignez-vous sur les horaires, les tarifs, les codes de conduite auprès de vos hébergeurs.
  • Hébergements alternatifs : Plutôt que de viser systématiquement un hôtel ou auberge à la déco « conformiste », considérez les petits gîtes familiaux, les familles d’accueil ou le couchsurfing. Ces expériences vous plongeront dans l’ambiance du pays.
  • Horaires et rythme du pays : La journée peut débuter très tôt (5 h du matin) et la sieste être une institution dans certains pays. S’adapter à ces horaires peut être inconfortable, mais c’est aussi la chance de découvrir des marchés animés à l’aube ou de profiter du calme en milieu de journée.

Apprendre la langue, même un peu

Communiquer avec un sourire et un mot dans la langue du pays signifie déjà beaucoup :

  • Dialoguer : « Bonjour », « Comment allez-vous ? », « Merci beaucoup ». Informez-vous sur la façon de saluer de la main sur le cœur ou d’une inclinaison de la tête. Même s’il est tentant de parler en anglais ou dans votre langue maternelle, faire l’effort de prononcer quelques mots dans la langue du pays sera perçu comme un signe de respect et d’ouverture. Les habitants sauront apprécier vos tentatives, même imparfaites.
  • Applications de traduction : Google Translate ou des applis dédiées sont d’une aide précieuse. Mais ne vous contentez pas exclusivement de la version audio : essayez de lire l’alphabet, d’identifier quelques mots pour plus d’autonomie.

Ne vous mettez pas la pression : l’objectif est d’établir une connexion simple, pas de devenir bilingue en quelques jours. Parfois, un geste, un sourire et un mot maladroit ouvrent bien plus de portes qu’un long discours en anglais.

Observer, respecter et, plus tard, comprendre les habitudes culturelles et religieuses

Chaque communauté possède ses règles de bienséance : vœux de silence dans un temple, code vestimentaire, tabous alimentaires ou gestes à éviter (toucher la tête d’un enfant, écrire sur un livre sacré, etc.).

  • Faire des recherches en amont : Consacrez du temps à lire vos guides, des articles ou écoutez des podcast/vidéos sur les habitudes (formules de politesse, signes de respect, interdits).
  • Observer avant d’agir : Au lieu de juger tête baissée, commencez par observer comment les gens saluent, s’assoient, se tiennent en public. Il faut parfois des années avant de tout comprendre des us et coutumes d’une culture.
  • Adapter son apparence : Dans certains pays, des vêtements décontractés ou trop révélateurs peuvent choquer : épaules et genoux couverts, chaussures ôtées à l’entrée de certains lieux… C’est une petite concession pour bénéficier d’une plus grande liberté de mouvement et d’échanges cordiaux.
  • S’informer sur les fêtes religieuses ou nationales : Un lieu de culte peut être fermé une partie de la journée, un monument historique peut être envahi par les fidèles à certaines heures. S’y rendre sans connaître ces spécificités peut générer frustration ou malaise.

Rappelez vous que votre culture n’est pas universelle : c’est un exercice d’humilité et de curiosité permanente.

Accueillir l’inconfort comme source d’enrichissement

L’inconfort est naturel quand on voyage loin de chez soi :

  • Se perdre et découvrir : Perdre son chemin dans un souk ou un quartier inconnu peut aboutir à une découverte imprévue.
  • S’adapter à des conditions de vie plus sommaire : Pas d’électricité constante, coupure d’eau, transport inconfortable… Au lieu de considérer cela comme un calvaire, tentez d’en tirer de la fierté : vous êtes à des milliers de kilomètres, vivant une aventure loin du confort accessible par une minorité de l’humanité.

Votre ouverture d’esprit et votre empathie se développeront à chaque obstacle surmonté !

L’essence du voyage

Voyager sans chercher ses repères, c’est embrasser l’inconnu avec humilité, curiosité et respect. Cela implique de mesurer sa chance, de s’imprégner des coutumes et écarter tout regard impérialiste et colonialiste. Peu importe la destination, l’enjeu est identique : quitter sa zone de confort pour ouvrir grand les yeux, le cœur et l’esprit en considérant l’autre comme son égal.

Si, au début, cette démarche peut sembler inconfortable, elle est surtout source de rencontres inoubliables et d’une prise de recul salutaire par rapport à votre quotidien. L’essence même du voyage, c’est ce lâcher-prise : la plus belle façon de découvrir le monde dans toute sa diversité.

Alors, la prochaine fois que vous ferez votre sac, adressez-vous cette question : « Suis-je prêt à être bousculé et grandir ? » Si la réponse est oui, vous êtes déjà en route vers le vrai sens du voyage.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *